Ça ressemble à une classique histoire de start-up : Jean-Louis Kiehl va lever 10 millions d’euros pour lancer une application mobile d’aide à la gestion du budget, élaborée dans un lab inauguré à Strasbourg le 11 janvier. Sauf qu’à 65 ans, Jean- Louis Kiehl n’a rien du jeune entrepreneur. Et d’ailleurs, il n’est pas entrepreneur, mais militant. Voilà vingt ans qu’il lutte contre le surendettement des ménages. La fondation qu’il préside porte un nom en forme de pied de nez aux problèmes d’argent, Crésus (Chambres régionales contre le surendettement social).
 
Né à Strasbourg dans les années 1990, le réseau de bénévoles a accompagné 500 000 ménages en difficulté dans leurs démarches auprès de la Banque de France. Il dispense aussi des formations à la gestion du budget pour les adolescents et les adultes. Jean-Louis Kiehl, lui, est arrivé là par hasard. Apprenti à 14 ans chez un constructeur automobile, il a travaillé comme comptable et comme chargé de communication, en Allemagne puis en Afrique. De retour en France, il entame, à 45 ans, des études de droit, boucle un troisième cycle de droit des contentieux, et devient délégué du Médiateur de la République. « C’est là que j’ai découvert le surendettement, mais la médiation ne traitait pas les litiges entre privés. Alors je suis devenu bénévole chez Crésus. »
 
Aujourd’hui, la fondation emploie 27 salariés. Elle est financée par les banques, qui lui adressent les clients à problèmes. Une plateforme de médiation renégocie toutes leurs dettes (EDF, banques, Trésor public) pour leur éviter la case Banque de France. Prochaine étape, les applications mobiles, pour aider les particuliers à maîtriser leurs dépenses. L’objectif, lui, ne varie pas : en finir avec le surendettement. H. B.
 
 Repères
 
Ancien bénévole chez Crésus, il crée la Fondation Crésus en 2008 pour développer l’éducation financière. Depuis 2011, il est membre d’Ashoka, un réseau mondial ultra-sélect qui encourage les innovations sociales.
 
Article paru dans Challenges n°548 (page 25), édition du 11 janvier 2018

Afin d’agir de concert dans la prévention du surendettement de ménages strasbourgeois et de renforcer leur coopération dans l’accompagnement des personnes surendettées, la Ville de strasbourg et l’association CRÉSUS Alsace, experte dans ce domaine, ont signé une convention de partenariat et d’objectifs 2018/2019, ce lundi 27 novembre 2017 à 17 h dans les locaux de CRÉSUS Alsace, 25 rue de Lausanne à Strasbourg.

La ville de Strasbourg et Crésus Alsace partagent les mêmes enjeux ; apporter des réponses de qualité, adaptées et innovantes en direction des publics en situation d’endettement et/ou de surendettement, être en synergie sur les axes de la prévention, du traitement et de l’accompagnement.

La signature de la convention a été précédée d’une visite des travailleurs sociaux de la Direction des Solidarités et de la Santé de la Ville de Strasbourg dans les locaux de CRÉSUS Alsace et de la fondation afin d'y rencontrer leurs collaborateurs.

Cette convention sera mise en œuvre à compter de janvier 2018 et favorisera les liens réguliers entre les travailleurs sociaux de la Direction des solidarités et de la Santé et les salariés et bénévoles de CRÉSUS Alsace.

La fondation CRÉSUS est en train de se doter d’une arme nouvelle pour lutter contre le surendettement. Elle va investir près de 3 millions d’euros pour développer une plateforme internet d’accompagnement à la gestion budgétaire. Un outil simple et intelligent, qui sera mis gratuitement à la disposition de tous.

Jean-Louis Kiehl s’est fait une raison : le registre national des crédits à la consommation, pour lequel il milite depuis plus de 25 ans, ne verra sans doute jamais le jour. La création de ce dispositif, destiné à lutter contre le surendettement en répertoriant l’ensemble des crédits détenus par un particulier, avait pourtant été prévue par la loi Hamon sur la consommation en 2014. Las, la mesure a été retoquée par le Conseil constitutionnel.

Le président de la fondation CRÉSUS – extension nationale de la Chambre régionale du surendettement social – a donc décidé de changer d’angle d’attaque. L’idée est toujours de faire de la prévention, mais autrement. L’organisation va en fait tirer parti des nouvelles possibilités offertes par le digital pour créer « une application interactive, dotée de fonctionnalités innovantes, permettant au consommateur de maîtriser en temps réel sa situation budgétaire et financière ». Son nom : le BGV (budget à grande vitesse).

Rassurer et accompagner

Le prototype, développé par le data lab de CRÉSUS, existe déjà. Très simple d’utilisation « pour rassurer les utilisateurs » , il « agrège les comptes bancaires, intègre toutes les informa-tions sur les charges » (loyer, électri-cité, gaz, assurances, impôts, etc.) et « calcule chaque jour ce qui reste jusqu’à la fin du mois ». Résultat, « il permet en cinq minutes de savoir combien d’euros on peut dépenser quotidiennement » et envoie des alertes en cas de dérive.

Le système, qui a recours à l’intelligence artificielle, est aussi capable de simuler l’impact d’un projet de prêt sur le budget, générer automatiquement des lettres de réclamation ou encore calculer les aides auxquelles la personne a droit (par exemple les APL ou le RSA activité) et d’établir la liste des documents qu’elle doit réunir pour demander à en bénéficier. Doté d’un coffre-fort numérique, il pourra aussi prévenir lorsqu’il faudra renouveler ses documents – passeport, carte de séjour, etc.

Si tout se passe comme prévu, cette application sera disponible gratuitement – auprès des établissements financiers partenaires de CRÉSUS – sur smartphone et sur ordinateur dans un peu moins d’un an. Le travail de développement, qui a débuté l’an dernier, n’est en effet pas achevé. Pour le mener à bien, « nous allons recruter des ingénieurs et des spécialistes en data » , annonce Jean-Louis Kiehl. Pour cela, « nous allons travailler avec des grands groupes qui vont nous aider à travers du mécénat de compétences ».

Un labo à Strasbourg

Une équipe s’installera à Saclay, au plus près des centres de recherche. Une autre est en place depuis le mois de juillet à la Station F, l’incubateur de start-up géant crée par Xavier Niel à la halle Freyssinet, à Paris – où « nous avons été sélectionnés comme entreprise de l’économie sociale et solidaire » , explique le président de CRÉSUS. L’essentiel de l’équipe, composée au total de douze personnes, sera cependant basé à Strasbourg, dans un nouveau laboratoire digital en cours d’aménagement pour un montant de 800 000 €.

Au total, CRÉSUS – qui ne perçoit pas de subventions (*) – prévoit d’investir 2,9 millions d’euros en trois ans dans ce programme. Pour le financer, « nous allons lever des fonds obligataires auprès des ISR (fonds d’investissement socialement responsable) » , annonce son président. Une démarche sans risque pour la fondation : « Si ça marche, l’État rembourse. Si ça ne marche pas, les investisseurs acceptent de perdre de l’argent. »

L’organisation, qui a « déjà des demandes de l’étranger » pour son application, pourra aussi compter sur une subvention de Bpifrance pour doter BGV d’une fonctionnalité supplémentaire en 2019 : une fiche de dialogue certifiée, destinée à faciliter l’accès au crédit dans des conditions « économiquement et socialement responsables ». Un dispositif qui rendra caduque, une fois pour toutes, la question de la création d’un fichier national des crédits.

(*) Le budget de CRÉSUS provient intégralement des dons versés par ses 60 partenaires (banques, organismes de crédit, etc.) pour continuer à accompagner les personnes en difficulté.

Article rédigé par Odile Weiss dans les DNA Région, édition du jeudi 26 octobre 2017
 
 
 

 

Le jury a rendu hommage à Jean-Louis Kiehl, président de CRÉSUS.
Son action contre le surendettement a été saluée par le prix de l’engagement sociétal.
 
EY a dévoilé hier soir le nom des lauréats du prix de l’Entrepreneur et de la startup de l’année pour la région Est. Neuf prix ont été remis devant quelque 150 chefs d’entreprise réunis à la Villa Quai Sturm à Strasbourg.
Les deux prix les plus prestigieux ont été remportés par des entreprises lorraines. Le prix de l’entrepreneur de l’année est allé à Philippe Semin, président de la société Semin , spécialisée dans la commercialisation d’enduits destinés aux professionnels du bâtiment, installée à Kedange-sur-Canner en Moselle. C’est lui qui représentera la région Est lors de la finale nationale qui aura lieu le 17 octobre à Paris.
La société Moustache Bike de Golbey, qui s’est fait un nom dans la fabrication de vélos électriques, a obtenu le prix de la start-up de l’année. Son président Emmanuel Antonot et son directeur général Grégory Sand ont également été récompensés par le prix Born global, qui récompense leur développement à l’international.
 
CGV, T & S, Fehr et CRÉSUS
Quatre entreprises et association alsaciennes figurent également au palmarès. Le prix de la vision stratégique a été décerné à Tony Fasciglione, PDG du fabricant de décodeurs CGV (DNA du 9 septembre 2017) d’Ostwald pour la façon dont l’entreprise s’est transformée afin de s’adapter au marché. Le prix de l’entreprise globale a, lui, été remis à Jérémie Huss, président du groupe Technology & Strategy (DNA du 29 septembre 2017), qui réalise 70 % de son chiffre d’affaires à l’export.
Le jury a tenu aussi à adresser une mention spéciale à la famille Fehr, dirigeante du groupe spécialisé dans les produits en béton (Reichshoffen) pour son développement de l’autre côté du Rhin au travers du prix de l’entrepreneuriat franco-allemand. Il a par ailleurs rendu hommage à Jean-Louis Kiehl, le président de l’association alsacienne CRÉSUS. Son action contre le surendettement a été saluée par le prix de l’engagement sociétal.
 
EY a relevé enfin tenu la réussite de François Piot, président de la société de Gondreville Prêt à Partir , qui a obtenu le prix de l’entreprise familiale, ainsi que celle d’Eric Rosello et d’Erik Pourtau, cogérants de la société Sysaxes d’Etupes (Doubs), désormais titulaires du prix de la stratégie disruptive.
Au total, 14 candidats (dont les Alsaciens Bagelstein, Agosphère, AMA Santé, 2crsi, Les Jardins de Gaïa et Argru ) avaient été sélectionnés pour participer à ces trophées qui s’adressent aux entrepreneurs les plus performants, « ceux qui font avancer l’économie », a souligné Paul Gerber, directeur général d’EY pour la région Est. Pour concourir, les entreprises doivent en effet afficher une rentabilité d’au moins 3 % et une croissance cumulée sur les quatre derniers exercices de 20 % pour un chiffre d’affaires compris entre 10 et 100 millions d’euros, et de 15 % pour un chiffre d’affaires supérieur à 100 millions d’euros. Les startups doivent, elles, avoir réalisé un chiffre d’affaires d’au moins un million d’euros durant le dernier exercice ou déjà effectué une levée de fonds du même montant.
« Cette année, a constaté Paul Gerber, nous avons eu plus de facilité à trouver des candidats éligibles à nos critères ». C’est pour lui « un signe que l’économie va mieux ».
Article publié le 2 novembre 2017 dans les DNA
 

Film réalisé avec le concours de Société Générale

Les yeux de la tête est un web documentaire qui décrypte la spirale du surendettement du côté de ceux qui le vivent. La caméra de Lucia Sanchez privilégie la dimension humaine, plutôt que les chiffres, en proposant à la fois une critique implacable mais aussi des solutions ! Six personnes ont accepté de raconter leur façon de gérer au quotidien le surendettement.

Je vends tout. 

Et si vendre tout permettait de survivre à l’endettement ?

 
Les yeux de la tête est un web documentaire qui décrypte la spirale du surendettement du côté de ceux qui le vivent. La caméra de Lucia Sanchez privilégie la dimension humaine, plutôt que les chiffres, en proposant à la fois une critique implacable mais aussi des solutions ! Six personnes ont accepté de raconter leur façon de gérer au quotidien le surendettement.

  

Je range mes factures. 

La meilleure façon de payer ses factures c’est peut-être tout simplement de les avoir sous les yeux en permanence ?